MAJ du 26/09/2024 : Après examen des signalements contre l'association Torrents de Vie, la Miviludes a saisi la Procureur de la République de Paris.
L'association évangélique Torrents de Vie est sous le feu des critiques depuis la fin du mois d'août suite à des signalements qui l'accusent de faire des thérapies de conversion, des pratiques interdites par la loi depuis janvier 2022. Le Conseil National des Evangéliques de France a annoncé sa décision de mener une enquête interne indépendante au sein de l'association.
Dans une publication sur X (ancien Twitter) mardi 12 septembre, le directeur de la communication du Conseil National des Evangéliques de France (CNEF), Romain Choisnet, a annoncé la décision du Bureau du CNEF de "déclencher une enquête interne indépendante" suite "aux signalements récents portant sur l’association Torrents de Vie" qui est membre de l'organisation évangélique. Une démarche à laquelle le Conseil d'administration de Torrents de Vie est "unanimement" favorable.
"Cette action fait suite aux réactions politiques en réponse au reportage sur l'association Torrents de Vie, élément que nous prenons comme un signalement", nous explique Romain Choisnet.
Pour rappel, le 30 août dernier, un reportage de quelques minutes intitulé "'THÉRAPIES DE CONVERSION': AU CŒUR D'UN SÉMINAIRE ORGANISÉ CET ÉTÉ EN FRANCE MALGRÉ L'INTERDICTION" avait été diffusé sur BFMTV. Une journaliste de la chaîne avait infiltré en caméra cachée un séminaire de l'association organisé dans le sud de la France qui proposait de "restaurer l'identité relationnelle et sexuelle" des participants.
💬 "Est-ce que tu es prête à renoncer à ce feu du désir, à cette passion?"
— BFMTV (@BFMTV) August 30, 2023
BFMTV a pu s'infiltrer dans une thérapie de conversion pour "guérir" l'homosexualité, malgré leur interdiction en 2022 pic.twitter.com/2EQV0t3OPu
La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et hommes et de la lutte contre la discrimination, Bérengère Couillard, a immédiatement réagi. Elle a déclaré condamner "fermement" ces pratiques "intolérables" et a demandé que le Procureur de la République soit saisi pour enquêter sur les agissements de Torrents de Vie.
En octobre 2021, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une loi interdisant les thérapies de conversion, c'est-à-dire des pratiques qui entendent transformer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Avant cela, les thérapies de conversion qu’elles soient spirituelles, médicales ou sociétales, ne pouvaient être poursuivies. Avec cette loi, l'Etat a créé une infraction spécifique, punie de deux à trois ans de prison et d’une amende allant de 30 000 à 45 000 € suivant si la victime est mineure ou pas.
L'association Torrents de Vie avait déjà été évoquée dans un rapport de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en 2021. Elle était décrite comme un "mouvement dit évangélique implanté en France où il prône l’abstinence et la prière". Le rapport précisait en outre que "le mouvement se défend de pratiquer toute 'thérapie de conversion' mais indique 'aider à la restauration de l’identité relationnelle et sexuelle' des participants, 'souvent déchirés entre leur sexualité et leur vie chrétienne'".
Comme l'a rappelé Romain Choisnet sur les ondes de RCF, le CNEF prend ce signalement "au sérieux" et a réaffirmé son "attachement à la protection des personnes et son opposition à toute forme d’abus, notamment ceux commis sur les personnes en questionnement à propos de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre".
L'instance évangélique précise que l'enquête interne indépendante "sera menée dans des conditions respectueuses des droits de chacun" et que le "CNEF prendra par la suite toute mesure utile concernant l’association Torrents de Vie".
"Pour nous ce qui est important c'est d'avoir une enquête sérieuse qui respectera autant les membres de Torrents de Vie que les éventuelles victimes", ajoute Romain Choisnet qui indique également que les deux professionnels sollicités pour mener cette enquête ne sont pas issus des milieux évangéliques, "dans un esprit de neutralité".
Camille Westphal Perrier